Lorsque les Anglais ont envahi la Brick Yard du Speedway d’Indianapolis, ils pensaient qu’ils allaient remporter les 500 miles pendant des décennies comme on gagne une partie de cricket tellement les autos américaines avaient de retard sur les monoplaces européennes. Il est vrai que les bolides de l’Oncle Sam paraissaient bien lourds avec leur moteur avant et leur transmission aux roues arrière. Sans parler de l’allure des autos qui semblait sortir d’un cartoon de la Warner Bros. Seulement en automobile, il faut toujours se méfier des concurrents car ils apprennent vite et la réplique n’allait pas tarder avec un modèle révolutionnaire : la STP-Paxton.
En quelques mois de développement, les Yankees sont passés de la Ford T noire au LEM lunaire. Pour ceux qui pensent encore que l’alunissage d’Apollo XI a été tourné aux studios d’Hollywood avec une maquette en carton, le descriptif technique de la monoplace remet leurs doutes au placard tellement il est ahurissant.
- L’architecture de l’auto est une side by side. Dans la langue de Molière, cela donne : le moteur d’ un coté, le pilote de l’autre coté et tout cela au milieu de l’empattement pour une meilleure répartition des masses.
- Quatre roues motrices, four wheels drive pour ceux qui maîtrisent les paroles d’ Elvis Presley.
- Panneaux en fibre de verre, châssis caisson en aluminium pour rigidifier la structure.
- Triangles de suspension à profil d’aile d’avion.
- Carrosserie originale avec utilisation de prises d’air NACA directement issues des recherches aérodynamiques sur les jets de l’US Air Force.
- Boîte de vitesses à un seul rapport, pour ne pas s’ embêter à débrayer.
- Turbine Pratt et Whitney Canada ST6B-62 avec une puissance de 550 chevaux… un petit moteur en fait.
Avec deux pilotes de renom pour conduire l’engin, Parnelli Jones et Joe Leonard, recalés plusieurs fois dans le rôle du Capitaine Crochet, Paxton proposait un cocktail explosif pour rappeler aux Anglais qu’aux États-Unis, on sait aussi faire des autos de course.
Dès sa première sortie, Jones se qualifia en 6e place sur la grille de départ du Speedway. Mais après avoir entendu “Gentlemen, start your engines !”, la STP prit la pole pendant 171 tours. Elle abandonna la tête de la course à la suite d’un bris de roulement (une pièce à 6 dollars sûrement d’origine chinoise). Elle avait alors 40 secondes d’avance sur sa poursuivante. Elle termina à la 6e place.
Le pouvoir sportif s’empressa alors de modifier la réglementation l’année suivante pour empêcher la STP-Paxton de glaner des victoires.
Le modèle réduit de Serge
C’est une société française Faracars qui a produit que la STP-Paxton. Mais, il n’y a pas eu de suite et c’est dommage car il y a toujours eu des monoplaces INDY originales à reproduire. Je n’ai jamais su les raisons de l’arrêt de cette marque car ce premier modèle fut quand même un grand succès. Tous les collectionneurs de mon entourage en avaient acheté un.
J’ai acheté ce modèle à sa sortie, en avril 1968, pour la somme de 20 francs. Il était bien plus cher que les autres modèles que j’achetai. Une fortune pour moi mais quand on aime, on ne compte pas. On peut en trouver aujourd’hui sur ebay mais attention au prix ! Au-delà de 50 euros, c’est sûrement Bernard Madoff qui propose l’enchère…
Le modèle réduit au 1/43 est en entièrement en métal à l’exception des immenses pneumatiques gravés Firestone et de la visière du cockpit. Il possède de nombreuses pièces rapportées, ce qui était une nouveauté en 1968.
Démontable par l’intermédiaire de deux vis cruciformes, il était livré avec une planche de décalcomanies pour compléter la décoration. J’y ai ajouté quelques touches personnelles car j’étais en pleine crise d’adolescence. Le siège du pilote est gravé par la présence d’une ceinture de sécurité. Quand on voit la largeur de la ceinture cela donne 20 mm à l’échelle 1. Les éléments des bras de roues sont profilés comme sur le modèle original. La barre de protection arrière est représentée. La miniature ne possède pas de suspension active mais ses trains avant et arrière sont mobiles dans le sens vertical. La peinture rouge est du plus bel effet et correspond au véhicule de Jones. La voiture roule bien et ses papillons sur les roues augmentent la spécificité Indy.
Le modèle a bien vieilli avec le temps et ne semble pas trop souffrir de la maladie du zamak.
En attendant, soyez prudents en conduisant ; la route, ce n’est pas le Speeddway d’Indianapolis.
Serge Seyranian